Notre arrivée à la Havane crée à la fois une nostalgie des douceurs Mexicaines mais aussi l'immense plaisir des retrouvailles avec Solange et Bernard. 
Les voir arriver ici, à Cuba, à des milliers de kilomètres de la France nous fait croire à un mirage... 
Mais tout cela est bien réel et nous voilà déjà en route pour la Havane à bord d'une vieille américaine.

Si aujourd'hui, la plupart des bâtiments de cette ville sont délabrés, l'architecture témoigne d'un passé riche et prospère.  Toutefois, l'embargo des Etats Unis sur Cuba à figé cette île au milieu du 20ème siècle et rien ne semble avoir bougé depuis cette époque. 
D'ailleurs, les slogans révolutionnaires et les portraits des leaders restent omniprésents, affichant la fierté du peuple cubains (ou du gouvernement ? ), pour ces années passées. 
Auto-persuasion, propagande ou produit marketing ?  La question reste entière...

Après deux jours à déambuler entre front de mer et ruelles étroites, il est temps d'aller chercher notre voiture de location. 
A Cuba, il ne faut pas être pressé... et après 4 heures d'attente, on est ravis de pouvoir enfin récupérer notre véhicule et prendre la route pour Vinales.
Le temps de faire le plein d'essence au tarif "touriste" et nous voilà sur l'autoroute où toutes sortes de véhicules cohabitent. Tracteurs, calèches, triporteurs, voitures, bus, camions sans compter les cyclistes et les nombreux auto-stoppeurs. Mieux vaut être vigilant !  
Mais quand et pourquoi ont-ils construits des autoroutes si larges compte-tenu du nombre de véhicules en circulation soit 20 pour 1000 habitants ?

Nous arrivons à Vinales, un petit village de campagne aux maisons colorées entre plantations de tabac, champs de café et jolies montagnes appelées mogotes. 
Très vite on s'adapte aux coutumes locales et nos soirées riment avec rhum, cigare, jeux de cartes et rockin chair. 
On profite également d'une ballade à cheval pour admirer ces beaux paysages mais dommage que le guide multiplie les pauses pour nous faire consommer dans les bars de ses amis. 
Au gré de nos promenades, nous verrons des paysans labourer les champs à l'ancienne, avec les boeufs et la charue. Alors que mes parents se replongent dans leurs souvenirs d'enfance, pour nous c'est du jamais vu !

Notre épopée cubaine se poursuit à Cayo Levisa, une charmante petite île aux plages de sable fin ou à notre grand étonnement, l'accès est interdit aux cubains. 
Repos et farniente avant de reprendre la route pour Cienfuegos sur la côte sud. Celle ville un peu à part dénote du reste de Cuba par son architecture en parfait état et son aménagement contemporain. Ballade en calèche et dîner savoureux sur quelques notes de jazz pour bien terminer la journée.

Trinidad et ses environs sont la dernière étape de ce voyage. Nous re-voilà dans l'authentique Cuba avec ses vieilles voitures, ses ruelles pavées, ses maisons coloniales et ses musiciens enjoués.
Quinze jours avec papa et maman ça passe vite, alors on savoure jusqu'au bout ces précieux moments à leurs côtés. Et il était temps de reprendre le droit chemin car entre rhum, pina colada, mojitos et cigares, on ne tenait plus la distance !

Cuba aura été un beau voyage dans le temps mais de nombreux questionnements demeurent... 
Pour la première fois dans notre odyssée, il nous a été quasiment impossible de consommer comme les locaux.

En effet, Cuba est le seul pays au monde à émettre deux monnaies : le CUP,  peso national et le CUC, monnaie du touriste équivalent au dollar américain. 
Un CUC vaut 24 CUP et ce système créé un gouffre entre le niveau de vie de deux mondes parallèles, celui des touristes et celui des locaux. Ce fossé est visible partout, iles et plages interdites aux cubains, prix affichés uniquement en CUC dans les lieux touristiques et bien sûr, inutile de demander un bon plan aux locaux, ils nous orienteront systématiquement vers ce qu'il y a de plus cher.  
C'est ainsi qu'à Cuba, un chauffeur de taxi gagne bien mieux sa vie qu'un médecin et nombreux sont les professeurs, pharmaciens ou ingénieurs à se reconvertir dans l'accueil des touristes chez l'habitant.

Si l'on aspire depuis bientôt un an à vivre humblement, c'est à dire au plus proche de la vie des locaux, à Cuba on aura été enfermé dans la case "touriste".
Ainsi à titre d'exemples, il y a une pompe à essence pour les touristes, on paye 2 dollars une bouteille d'eau, 10 dollars pour accéder à une ballade en forêt (El nicho) ou encore 5 dollars pour faire 1 km en taxi. 

Quand on sait que le salaire moyen à Cuba est de 20 dollars par mois soit le prix d'une nuit chez l'habitant, on est en droit de se demander à qui profite cette manne touristique...

Pour nous, 5 dollars ce n'est pas grand chose mais pour un cubain cela représente 5 jours de travail. Alors que doit-il ressentir lorsqu'on lui donne 2 dollars pour acheter une simple bouteille d'eau ? Partout dans le monde, on a consommé au coût de la vie du pays. A Cuba, le fonctionnement reste obscure... on a probablement contribué à enrichir les plus riches et malgré nos valeurs et aspirations, ce voyage est loin d'être  éthique. 
Meme si on ne regrette pas cette escapade, on aurait préféré ne pas cautionner ce système.