Malgré l'inconnu et toutes nos interrogations, le passage de la frontière s'est déroulé plutôt facilement. Seul petit bémol, nous pensions avoir acheté des billets de bus tout confort pour parcourir les cent derniers kilomètres jusqu'à l'Inde mais c' est dans un bus local que nous voyagerons sans trop comprendre pourquoi. En réalité, ce petit tour de passe passe a permis au vendeur de ticket de nous faire payer deux fois le prix et de s'offrir une belle commission... Peu importe l'anarque, nous arrivons à bon port assez rapidement. Les formalités sont simples puisque nous avons déjà nos visas, un tampon pour quitter le Népal et un autre pour entrer en Inde. Une simple arche en béton sépare les deux pays et pourtant, il suffit de faire un mètre pour se sentir complètement déboussolé. Le changement est flagrant, ici ce n'est plus de l'effervescence mais une certaine anarchie que l'on ressent au premier abord. On avance entre les déchets, se frayant un passage au gré des camions, voitures, vélos, motos, vaches et vendeurs en tout genre qui nous interpellent. Les regards insistants voire oppressants ont remplacé les sourires des Népalais. Nous négocions le taxi pour rejoindre Gorakhpur avec deux Australiens, les seuls touristes à avoir passé la frontière comme nous. Négocier est un bien grand mot puisque ce sont en réalité les chauffeurs qui se querellent entre eux à propos du tarif à appliquer. Rapidement nous obtenons un prix convenable et nous voilà partis à slalomer à coup de klaxons entre les différents usagers de la route, toujours plus farfelus les uns que les autres... On se sent plus en sécurité dans la voiture mais un peu comme des animaux en cage, epiés par une multitude de regards pesants. Une fois arrivés à la gare, notre objectif est de trouver un train de nuit pour rejoindre Agra, une ville située à 600 kilomètres vers l'ouest. S'en suit un labyrinthe infernal, envoyés d'un guichet à un autre et faisant le tour de l'immense gare pendant deux bonnes heures... Pas de train direct pour Agra avant le lendemain après midi et nous n'avons aucune envie de passer la nuit ici. Le hall principal est couvert de gens qui dorment par terre mais cette éventualité nous rejouit peu. Et où sont les touristes ?!? Nous sommes les seuls Européens... C'est finalement un papi astucieux et bienveillant qui nous trouvera la solution pour rejoindre une ville située à quelques kilomètres d'Agra avec un changement dans la nuit. Le départ est à 21 heures ce qui nous laisse le temps de trouver quelque chose à manger. On se contentera d'un peu de riz car le reste est tellement épicé qu'on ne peut l'avaler. Nous voilà désormais sur le quai, à attendre notre train au milieu des rats et des moustiques en repensant avec nostalgie au dévouement des Népalais qui étaient prêts à se plier en quatre pour nous aider. A l'arrivée du train, une jeune femme souriante nous indique en anglais où se trouve notre wagon. Un peu d'humanité n' est pas pour nous déplaire ! Ces quelques heures de trajet vont passer très vite. Les couchettes sont sommaires, ni couvertures, ni oreillers. Il fait froid mais on est content de se reposer un peu. Marc surveille les arrêts à l'aide de son gps, nous arrivons à destination à 3 heures du matin. Trois heures d'attente et trois cafés plus tard, nous prenons le deuxième train. Voilà 24 heures que nous sommes partis de Chitwan et au fait... Joyeux Anniversaire Marc ! Je compte bien lui trouver un bel hôtel digne des mille et une nuits, pour donner un peu de douceur à cette journée. Après une bonne nuit de repos, nous allons à la découverte du Taj Mahal. Il a été bâti par un prince pour sa bien aimée qui est décédée en donnant naissance à leur 14 ème enfant. Un peu surpris de voir que notre ticket d'entrée coûte 25 fois le prix de celui des locaux, nous jouons le jeu et oublions vite ce détail face à cette merveille du monde. C'est tout simplement grandiose, on pourrait presque croire à un mirage !