Nous quittons l'hôtel aux aurores et rejoignons l'agence Napoléon Trecking par les petites ruelles encore endormies du quartier Thamel. Suraj, le patron Népalais qui parle très bien français est ponctuel et nous présente notre guide. On charge nos sacs à dos dans le minuscule coffre du taxi qui nous emmène à la gare routière. Serré, notre guide Francophone reste assez silencieux. Une fois arrivés près du bus, on retrouve Jeta, notre porteur. Il est également très discret et ne parle ni français ni anglais. Nous suivons les instructions en nous disant que nous aurons bien le temps de faire connaissance pendant ces 12 jours.

Le bus local est déjà bien rempli. Nos sacs rentrent tout juste dans la soute arrière et les personnes suivantes ne sont pas ravies de voir leurs bagages finir sur la galerie. On s'installe ensuite dans le bus et réalisons rapidement que les 7 heures de trajet vont être longues, très longues... Et on ne sait pas encore que bon nombre d'aléas techniques vont presque doubler ce temps de voyage! 
Les places sont minuscules, le confort très précaire et la chaleur insoutenable. Les routes sont plutôt en bon état mais les embouteillages très nombreux et la pollution étouffante. Dès que le bus s'arrête, les rayons du soleil nous écrasent dans cette vieille carcasse métallique...

Une première crevaisons nous oblige à changer la roue sur le bas côté, mais cela semble être monnaie courante ! 
Apres 150 km de route goudronnée, on arrive sur des pistes plus ou moins praticables au cœur des montagnes. Les chemins de terre sont parfois tellement défoncés et détrempés que nous devons tous descendre du bus et marcher à coté... Nous arrivons alors face à une rivière que nous traverserons à pied pendant que le bus tente un passage en force, en vain... C est un bulldozer qui viendra réhausser et aplanir le lit du cours d'eau afin qu'on puisse continuer notre chemin environ une heure plus tard.
La seconde crevaison d'une roue jumelle à quelques kilomètres de notre destination ne sera pas réparée compte tenue de l'heure tardive et de la fatigue générale.
Ce trajet éprouvant nous aura au moins permis de lier connaissance avec des personnes adorables, que nous re-croiserons ensuite pendant le trek.

Le lendemain matin, départ 8h pour parcourir les 15 km à pied de notre première étape...
À partir de maintenant et durant nos 10 jours de marche, les paysages toujours plus grandioses vont se succéder. Entre rizières, falaises, forêts tropicales et canyons encaissés, chaque jour est un nouvel émerveillement.

Une chaleur étouffante et humide va nous accompagner durant la première étape, avant de laisser place à la pluie les second et troisième jours. On commence alors à s'inquiéter pour le séchage des vêtements car le climat extrêmement humide ne facilite pas la tâche. Finalement le soleil reviendra le quatrième jour pour ne plus nous quitter.

Au fur et à mesure du trek, on est ravis de découvrir des lodges de qualité et de la nourriture variée et savoureuse (ce qui n était pas le cas en Mongolie). On peu même manger une pizza à 5000 mètres d'altitude... Le Bonheur !!!

Notre guide ne nous emmène pas toujours dans les meilleures guesthouse, et on est parfois frustrés par son manque de souplesse et de concertation, mais en tant que débutants nous jouons le jeu même si on se sent enfermés et isolés de nos amis trekkeur. Il reste malgré tout sympathique et présent, parfois un peu trop, et les échanges sont assez limités mais toujours cordiaux... Quant au porteur, il porte, mais malgré notre volonté d'entrer en contact, il restera plutôt fermé et à l'écart.

Les montagnes toujours plus hautes s'enchaînent et après 8 jours de marche, nous arrivons déjà à 4000 mètres d'altitude et profitons pleinement de ce magnifique spectacle qu'est la chaîne des Annapurna, composée de plusieurs sommets enneigés culminants à plus de 7000 mètres.

Tandis qu'Emilie s'adapte très bien à l'altitude et n'en ressent aucun effet, la respiration est un peu plus difficile pour moi, et les nuits peu reposantes compte tenu du manque d'oxygène.

Notre dernière nuit avant de passer le col sera la plus éprouvante. 
Compte tenu du froid intense et de l'altitude de 4900 mètres, il sera presque impossible de fermer l'œil de la nuit. Rappelons que personne ne peut vivre en permanence à plus de 5100 mètres de hauteur.
Apres une nuit glaciale, -7 degrés dedans comme dehors, et un réveil très matinal, nous démarrons l'ultime ascension dans la nuit noire, les pieds dans la neige. Les chemins sont étroits et glissants, parfois verglacés, et les précipices que nous devinons à peine nous glacent le sang.
Au bout d'une heure de marche, et une digestion toujours difficile, le soleil apparaît timidement en nous laissant découvrir peu à peu toute l'immensité du massif montagneux qui nous entoure.

L'ascension reste éprouvante, et après avoir déjà parcouru 120km en 9 jours, il nous faudra une bonne dose de soutien mutuel pour parvenir au col culminant à 5416m. 
L arrivée au sommet est un moment magique, inoubliable. L'émotion se mêle à la douleur physique et notre corps semble malgré tout s'adapter et savourer cette belle victoire.
Il est 7h du matin et après quelques courtes minutes au sommet il est déjà temps d'entamer la redescente. On mettra seulement 8 heures pour dévaler ce qu'on a mis 8 jours à gravir.
Emilie n'aura aucun mal à finir cette journée en pleine forme (peut être a t'elle un ancêtre Sherpa?) mais ce sera un peu plus difficile en ce qui me concerne... Migraine, manque de sommeil et fatigue générale vont avoir raison de moi, surement un début de mal des montagnes? Ça ira mieux après une bonne nuit au chaud.

Notre formule trek inclue également un petit vol de 15 minutes entre Jomsom et Pokhara... Expérience très excitante dans un mini avion à hélices d'à peine 15 places frôlant les montagnes.

Suite du programme : 10 jours de visite et de repos à Pokhara et Katmandou avant de rejoindre l'Inde par voies terrestres (on ne sait pas encore comment).

A bientôt ;)