Comme convenu la veille lors de la réservation du tour, le chauffeur est à notre hôtel à 9h30 précise pour nous emmener découvrir d'anciennes forteresses situées dans le désert de Kizil Kum à l'est d'Ourguentch, et plus précisément dans la région des 50 forteresses. La première est en rénovation, un chantier titanesque compte tenu de la hauteur impressionnante des anciens murs en ruine. Il ne reste pas grand chose des façades en briques et en torchis de la seconde, qui a pourtant l'air encore plus vaste que la première. Après un délicieux restaurant local à Bo'ston en compagnie du chauffeur, qui au passage à L air choqué par les clips plutôt sexy de la chaîne Russe qui passe à la télévision, nous rejoignions en début d'après midi, le site de la troisième et dernière forteresse, beaucoup plus à l'écart de toute habitation que les 2 autres. Seul le camp de yourtes où nous passerons la nuit, apporte un semblant de vie à ce désert brulant et aride. On se sent alors bien loin des hôtels climatisés de Boukhara et des mini markets jonchants les rues de Khiva et proposants une multitude de boissons fraîches et de glaces. Notre chauffeur s'en va et nous laisse là au milieu de nul part tandis qu un autre viendra en principe nous récupérer demain matin.

Après une petite sieste dans la yourte, nous voilà parti pour 2 heures de marche dans le désert en direction d'un lac. Malheureusement, cela ressemble plus à une marre et d'après la couleur rougeâtre et l'aspect acide de l'eau, mieux vaut éviter de faire trempette! Il semblerait que même les poissons aient désertés la région....
Drôle de constatation : toujours aucun coup de soleil, même sans crème. La couche d ozone Ouzbek serait-elle plus épaisse qu'ailleurs ?

On devait ensuite monter visiter la forteresse à dos de chameau mais ils nous ont apparement faussé compagnie. C est donc à pieds que nous irons admirer un magnifique coucher de soleil au milieu des ruines.
Suite de la soiree avec un repas tout simple dans la yourte : melon (car nous avons pris la chambre sans l'option repas). Malgré cela, la chef du camp se joindra à nous plusieurs fois pour nous dépanner d'un plateau et d'un couteau, nous proposer une dégustation de lait de chameau, nous faire admirer le lever d une magnifique lune rousse, et enfin nous apporter avec un grand sourire une délicieuse assiette de Plov, le repas typique Ouzbek. Apparemment elle nous a bien aimé :)
Fin de soiree sous le ciel étoilé avec en cadeau quelques étoiles filantes, puis début de nuit écourté par une fourmis curieuse de découvrir le fond de l'oreille d'Emilie... 

Le lendemain matin, chauffeur au rendez-vous après un délicieux petit déjeuner que nous partagerons avec la maman de 6 petits chiots dont il ne reste que la peau sur les os.
Sensations fortes jusqu à Nukus grâce à ce pilote de course du désert!

La ville de Nukus ne présente pas grand intérêt. Elle est juste une étape obligée avant de rejoindre la mer d'Aral.
Le Kizil Kum Hotel est simple mais suffit très bien pour 2 nuits. Comme souvent, la chambre possède à la fois un côté classe (style Européen des années 70) et délabré (gros manque de ménage et d entretien). Tout ce qui a été cassé est simplement recollé, réparé...
L'hôtel étant quasiment vide nous obtiendrons la nuit à 30$ au lieu de 70 après quelques minutes de négociation.

La question est maintenant : comment rejoindre la mer d'Aral située à 200km de là. Nous pensions trouver des agences d'excursions au centre de Nukus, mais rien à part une triste imitation de l'avenue des Champs Elysée ornée de boutiques Dior, Dolce Gabana, etc... Vraies ou fausses marques ?
Après quelques balades à pieds, en bus et en taxi, nous atterrirons par hasard en fin d'après-midi dans un restaurant très local (il y a ici plus de mouches que d'Ouzbeks) pour manger des chachliks. Et là une excellente surprise nous attend : le serveur parle un peu anglais et on lui demande donc comment rejoindre Moynaq, ancien port de pêche situé jadis au bord de la mer avant qu'elle ne se retire. Il passera une partie de la soiree au téléphone pour nous organiser la balade à un excellent prix (40$ soit 240000 soums pour 400km aller/retour)!
Rares sont les touristes qui s'aventurent dans ces contrées lointaines, alors une petite victoire comme celle là, on la savoure...

Départ le lendemain matin à 10h. Jolie voiture avec la clim, chauffeur ponctuel qui ne parle malheureusement pas un mot d'anglais. Nous arrivons tout de même à lui demander de faire un petit crochet par la gare pour acheter vite-fait nos billets de train pour le lendemain. Pas de chance, 1 heure d'attente pour obtenir les précieux sésames! Les ouzbeks ont une drôle de façon de faire la queue au guichet...

Deux heures plus tard nous arriverons à Moynaq, une sorte de ville fantôme où il semble impossible de faire décrocher un sourire à qui que ce soit. C était pourtant, il y a 30 ans, le second plus grand port de pêche de la mer d Aral doté d une importante industrie de mise en conserve de poisson. Mais L'union soviétique des années 50 à décidée (en connaissance de cause ou pas, c est difficile à dire) de détourner les eaux des deux principaux fleuves qui alimentent la mer, pour irriguer la culture du coton et développer son industrie textile.
Aujourd'hui, les conséquences du retrait de la mer sont nombreuses. La population a déserté la region à cause du chômage et des maladies. Le climat à changé. Les étés sont désormais 10 degrés plus chauds et plus secs et les hivers 10 degrés plus froids et plus longs.
Ce désastre est d autant plus révoltant qu'apparement, seulement la moitié de l'eau puisée parvenait aux cultures tandis que le reste était perdu en chemin à cause de la chaleur et de la mauvaise qualité des conduites.
Nous terminerons notre route face à un cimetière d'une dizaine de bateaux rouillés et plantés dans le sable, triste symbole de cette tragédie.
Sur le chemin du retour, je fais signe au chauffeur de s arrêter pour manger. Il nous déposera devant une sorte de cantine familiale et attendra devant la porte. Personne ne s'occupe de nous, et bien sûr pas de menu. Au bout de 10 min je m'approche de la cuisine et arrive à obtenir du pain et du thé pour 3000 soums. Ça dépanne, mais drôle d'ambiance malgré tout.
Retour à Nukus sur les chapeaux de roues, toujours en zigzaguant entre les nids de poules a plus de 100km/h. C est solide une Chevrolet!

On décide alors d aller se changer les idées dans un parc situé à 1km de l'hôtel. De loin, ça a l'air sympa, mais de prêt c est d un autre temps. Piscine délabré, manèges qu'il faut faire tourner sois-même en poussant à la main, pédalos rouillés et zoo ressemblant plutôt à un refuge de la SPA. Ca file le cafard. On s approche d'un magnifique étalage de cornet de glaces, mais la machine est en panne. Après avoir traversé le parc, on s installe à une terrasse et victoire, la machine à glace fonctionne! La première bouchée nous donnera un haut le cœur et nous ramènerons cette horrible crème glacée à son propriétaire qui ne nous demandera même pas un centime.

Nukus restera une expérience difficile pour des touristes comme nous.
Demain matin départ pour 20 heures de train à destination de Tachkent.