Nous laissons Ica derrière nous et mettons le cap sur Huaraz, une ville aux rues animées malgré des températures plutôt fraîches. 
Pour le plus grand bonheur de Marc, c'est notre dernière semaine en altitude. Après plus d'un mois sur les hauteurs de la Cordillère des Andes, il ne s'est pour ainsi dire jamais acclimaté... Et on comprend mieux pourquoi les locaux mâchent de la feuille de coca à longueur de journées !
Après la chaleur désertique d'Ica, la transition est rude dans notre chambre d'hôtel sans chauffage. C'est camouflés dans nos gants, écharpes et bonnets que nous nous glissons sous la couette.

Afin de limiter les nuits au dessus de 4000 mètres, on fera des ballades à la journée plutôt qu'un long trek. 
On decouvrira le glacier de Pastoruri situé à 5000 mètres et une lagune coupée du monde dont l'accès se mérite avec ses 1000 mètres de dénivelé positif. Les paysages sont sauvages, nous sommes en immersion totale avec les locaux, souvent très heureux de nous voir arriver dans leurs villages reculés. 
Les Péruviens viennent vers nous, ils cherchent le contact et que ce soit dans un restaurant local ou sur le banc d'un jardin public, on raconte notre périple. Ils veulent connaître notre itinéraire et tiennent à ce que l'on se sente bien dans leur pays. 

Huaraz sera une étape particulièrement agréable au niveau culinaire puisqu'il y a trente ans, Patrick, un français y a ouvert une crêperie. On s'en donnera à coeur joie, autant pour le plaisir gustatif que pour le doux souvenir d'un petit bout de chez nous. Les propriétaires s'amusent de nous voir revenir tous les jours et mettent un CD de chansons françaises dès que l'on passe la porte. 
En tous cas d'une façon générale, on aura très bien mangé au Pérou entre soupes, poulets, truites, bananes plantins, omelettes aux légumes, tallarin et jus d'oranges frais. En évitant les restaurants à touristes, on se retrouvera souvent chez "mamie" qui nous cuisine des petits plats pour moins de deux euros. 

Autre étonnement dans cette ville, il y a des casinos partout et quand je dis partout, c'est vraiment tous les 500 mètres. Si les habitants ne semblent pas rouler sur l'or, ils aiment jouer et on en fera de même. Avec trois euros, on peut s'amuser des heures durant. 

L'étape suivante est Pucallpa... Terminé le froid puisque l'on redescend au niveau de la Selva (jungle Amazonienne) où il fait autour des 30 degrés. 
L'idée d'un énième voyage en bus ne nous réjouit guère et pour cause... Depuis le 1er janvier, nous avons déjà parcouru plus de 8000 km soit 205 heures de trajet.
Mais c'est le dernier pour quelques semaines : d'abord parce que les villages suivant ne sont plus accessibles par la route mais uniquement par bateaux et aussi parce que le 16 mars, nous retrouvons Lucie, Damien et Sandra au Costa Rica. Alors pas question d'en perdre une miette, pour arriver à temps, on alternera entre avion et bateau. 

A Pucallpa, on profite de la chaleur, d'une jolie rue piétonne et on s'émerveille devant une magnifique église. Ce sont souvent les plus belles constructions de la ville et même quand tout semble délabré, les édifices religieux sont en parfait état. 

C'est en avion que nous arrivons ensuite à Iquitos, un voyage éclair dont nous avions oublié les bienfaits après bon nombre de nuits sans sommeil dans les bus. 
Cette ville "grouille" avec plus de 400 000 habitants et un bruit de fond permanent  (télévision, musique). On a du mal à comprendre comment tout cela à pu être construit au beau milieu de la jungle amazonienne, sans aucun accès routier !

Par ailleurs, l'eau est très présente dans cette région du Pérou, d'autant plus que c'est la mousson. Du coup, bon nombre d'habitants se déplacent en barque dans des quartiers sur pilotis. On croisera d'ailleurs un Péruvien qui nous amènera voguer dans cet enchevêtrement de maisons en bordure du fleuve. La sienne est prévue pour flotter, ainsi elle s'adapte au niveau de l'eau qui varie en fonction des saisons.

Les enfants sont ici comme à la piscine municipale, pendant que d'autres pêchent pour se nourrir ou vendre sur les marchés. Seule ombre au tableau, le fleuve sert aussi de poubelle et des milliers des personnes y jètent leurs déchets. Ont-ils conscience qu'un sac plastique n'aura pas le même impact qu'une peau de banane ? C'est triste à voir...

Nous visiterons aussi un centre de réabilitation pour les animaux. Un lieu d'exception qui tente de sauver bon nombre d'espèces vendues au marché noir. Les singes courent autour de nous et débordent de vie !  

Iquitos sera notre dernière ville Péruvienne avant de rejoindre la Colombie par bateau. Et c'est à bord d'un cargo de marchandises que nous partons pour une journée et deux nuits de voyage. Le trajet coûte 20€ par personne avec les repas. Il faut simplement acheter son hamac et l'installer où bon nous semble.

Nous sommes les seuls touristes sur le bateau, ce qui éveille la curiosité et la sympathie des locaux à notre égard. Beaucoup viennent nous serrer la main et cherchent à en savoir un peu plus sur nous. 

Au gré de nombreux arrêts, nous découvrons une multitudes de petits villages totalement isolés qui n'apparaissent même pas sur notre GPS et qui sont régulièrement ravitaillés par des bateaux comme le notre
On apprendra également que l'Amazon est le fleuve le plus important du monde par son débit, il charrie 20% de l'eau douce mondiale et traverse huit pays ! 

L'arrivée de notre cargo dans les villages semble être un moment festif car homme, femmes et enfants sont souvent là pour l'observer. C'est un va et vient de marchandises infini et les quantités sont énormes! Pour autant, pas de diable ni de transpalette. C'est deux par deux que l'équipage va décharger des milliers de briques en terre cuite, mais aussi des œufs à peine emballés, de la peinture, du ciment, des tonnes de riz, de pommes de terre, des poules pour charger en retour des planches, des vaches, des chevaux, des ânes, des régimes de bananes plantain.... 

Bien sûr, ces va-et-viens de marchandises et de passagers se font de jour comme de nuit, mais nous arrivons quand même à nous reposer quand il n'y a pas un péruvien emmêlé dans les fils de notre hamac !!

Ça y est, j'aperçois la Colombie ! Il est temps de vous laisser et de vous dire à très bientôt pour de nouvelles aventures.