Après vingt jours sur les routes (pour ne pas dire pistes ou chemins) de la Mongolie, nous avons le sentiment de revenir de loin, de très loin... 
Si ce pays a une superficie égale à trois fois la France, il ne compte que 3 millions d'habitants dont la moitié a élu domicile dans la capitale, Oulan Bator. 
En quittant cette ville, loin de la pollution et des immeubles, nous découvrons une nature intacte entre steppes, déserts, montagnes et lacs...
Très vite, on s'étonne de rouler durant des heures sans aperçevoir un semblant de vie humaine. Toutefois, nous croisons de temps à autre des troupeaux en liberté (chameaux, chevaux, chèvres, moutons, yaks...), une yourte au loin ou un nomade lancé au grand galop. Rien ne semble pouvoir l'arrêter et c'est bien là que réside toute l'ampleur et la magie de ce pays. Pas de clôtures ni de murs, pas de grands portails derrière lesquels bâtir des maisons. Nos yeux s'émerveillent à l'infini et c'est le ciel qui à l'horizon rejoint les steppes verdoyantes. Ici, même nos esprits semblent plus libre...  

Nous nous déplaçons en van avec un guide, un chauffeur et cinq autres voyageurs : un allemand, deux australiens et deux américains. L'anglais étant pour beaucoup leur langue natale, ils parlent très vite et avec un accent qui rend difficile la compréhension... Nous nous attristons parfois d'être limités dans nos échanges par la barrière de la langue mais l'atmosphère n'en n'est pas moins chaleureuse.
Après une première nuit dans un camping de yourtes aménagé pour les touristes, nous partons au petit matin pour 500 km de route. Au fil des heures, le vert des steppes laisse place à un paysage plus sec et caillouteux. On arrive alors dans le midle gobi, région intermédiaire avant le désert. Les chemins de terres font suite à la route bétonnée et il n'est pas rare de slalomer entre des chameaux, chèvres ou chevaux qui semblent apprécier tout particulièrement les quelques brins d'herbes situés au centre de la piste que l'on emprunte. A coups de klaxon, on finit toujours par se frayer un passage et avancer vers notre destination. 

On achève en fin de journée les derniers kilomètres pour arriver au coucher du soleil dans la famille qui nous accueillera pour la nuit. Cette dernière nous offrira du lait de yak et un petit gâteau couleur crème noircit par la poussière qui sera en fait un fromage de chèvre très sec et piquant.
De façon générale, les familles nomades se nourrissent de produits dérivés de l exploitation de leurs troupeaux : lait, crème, yaourt, beurre (de jument, chèvre, yak) et viande. En guise de vodka, ils boivent de l'alcool de lait de jument fermenté. Nous avons découvert ce breuvage le jour de mon anniversaire et tremper les lèvres nous aurait suffit, mais lorsque notre hôte nous sert un bol plein et nous fait signe de tout boire avec un grand sourire, on fait honneur ! Après une telle expérience, nous sommes presque des locaux...

La yourte étant une pièce unique, elle fait office de chambre, de cuisine, de salon... C'est pourquoi il n'est pas rare de voir du lait fermenter dans un coin, des morceaux de viande suspendus au plafond tandis que d'autres sont dans un saladier sous le lit.
Je n'évoque pas la salle de bain car elle est pour le moins inexistante. Un peu d'eau en bouteille pour se laver les mains et les dents, des lingettes bébés et une fois par semaine, une douche express dans une rivière ou un lac qui ne dépasse pas les 13 degrés. Mais c'est si bon de se sentir propre ! Il en sera de même pour notre linge qui découvrira une machine à laver pour le moins inhabituelle...
Quant aux toilettes, il s'agit souvent d'un trou dans le sol entre deux planches, isolé d'un paravant en bois et parfois équipé d'une porte. On y préfèrera la nature...

Après quelques jours de progression, on arrive dans le désert de gobi et plus précisément aux dunes chantantes, une bande de 150 kilomètres de sable fin perdue au milieu d'un paysage aride et rocailleux.

Ce désert est à la fois hostile et magique. Chaleur, rareté de l'eau, tempête de sable, mais on y découvre aussi un coucher de soleil inoubliable après avoir péniblement gravit la dune principale d'une hauteur de 200 mètres. Compte tenu de la pente, le sable se dérobait sous nos pieds et à chaque pas, on redescendait de moitié. Une chose est sûre, la magie de cette découverte vallait largement tous les efforts déployés... 
Une fois la nuit tombée, encore émus de cette folle aventure, nous comtemplons un ciel unique où chaque centimètre est couvert d'étoiles... Rêve ou réalité ? La frontière est parfois mince et c'est en se sentant tout petits dans cette immensité qui nous dépasse que nous irons nous coucher.

Nous avons partagés ces deux jours avec une fillette de 5 ans qui vit ici toute l'année avec ses parents. Très coquine et au caractère bien trempé, elle était ravie d'aller à la rencontre des touristes de passage dans sa yourte. Elle parlait un savant mélange de langues (le mongol complété de quelques mots d'anglais et de français). On passera aussi un long moment à regarder des vidéos sur le téléphone devant lesquelles elle s'émerveillera. Jouant avec quelques cailloux ou des os d'animaux, ce sont deux mondes bien lointains qui se côtoyent. 

Nous poursuivons désormais notre route vers le centre puis le nord de la Mongolie ou un magnifique lac nous attend. Les déplacements sont difficiles et les chemins en mauvais état : trous, bosses, cailloux et même traversée de petites rivières parfois. 
Aucun panneaux d'indications et des pistes qui changent régulièrement en fonction de leur usure et des saisons.
D'ailleurs, le chauffeur n'annonce jamais de temps de trajet mais plutôt une distance à parcourir dans la journée. Il nous est arrivé de mettre une heure pour faire 15 kilomètres. Les amortisseurs étant fatigués, notre dos s'en souviendra longtemps...
En Mongolie, les trajets riment aussi avec pannes multiples. Heureusement, avant d'être chauffeur, Hoogui était mécano et rien ne semble l'inquiéter. Une courroie qui s'effiloche réparée avec un briquet ou encore une bouteille d'eau pour refroidir le moteur qui surchauffe. 
Entre deux étapes, il lui arrive de tout démonter et c'est dans l'herbe que l'on retrouve la boîte de vitesse ou le carburateur ! Mais il est toujours prêt à redémarrer le lendemain.

Le soir de mon anniversaire, on expérimente les joies du barbecue Mongole. En guise de braises, des crottes de chameaux séchées et pour que la fête soit plus folle, de l'alcool de lait de jument fermenté. 
Sympa le barbecue préparé avec amour mais difficile de faire honneur lorsque tu as croisé non loin de la yourte, la tête de la chèvre. Et oui que la tête, tout le reste peut potentiellement arriver dans ton assiette : morceaux de gras, foie, rein, poumons, intestins... un vrai cours d'anatomie ! 
Pourtant armée de bonne volonté, je n'arriverai même pas à croquer dans un morceau tant il était dur.
Le guide aura la délicate attention de m'offrir une bouteille de vin rouge et une boîte de chocolats. Voilà qui fera un parfait repas d'anniversaire ! 

En mongolie, la viande pour ne pas dire le gras, est l'aliment principal. Chèvre un soir et soupe de mouton le lendemain sans oublier le yak... J'arrêterai la viande après avoir appris au moment d'aller me coucher, que je venais de manger du cheval. 

Parlons-en des chevaux. Nous avons fait de magnifiques ballades dans des lieux très variés. Vallée de l'Orkhon, en bordure de lacs ou encore dans les steppes infinies. Nous aurons même droit au luxe d'une randonnée en amoureux grâce à un guide particulièrement arrangeant.

Je garde en mémoire un matin où nous devions monter les chevaux après le petit déjeuner. Seul problème, il fallait d'abord les retrouver et ce jour là, ils étaient partis loin. Et oui en Mongolie, les chevaux et les animaux évoluent en liberté tandis que les potagers sont derrière des clôtures.

Voilà un aperçu de notre escapade en Mongolie. Loin des sentiers battus et comme coupés du temps, nous avons vécu l'émerveillement autant que le désolement....

Les nuits froides auront été particulièrement difficiles pour moi (autour de zéro degrés en moyenne) tandis que les lits équipés de planches de bois en guise de matelas auront mis nos dos à rude épreuve.   

Cette aventure aura été magique parfois, difficile d'autres fois. Rares sont les infrastructures adaptées aux touristes et c'est peut être dans ces moments que nous avons atteind le coeur de notre voyage. Car en toute humilité, nous nous sommes adaptés à la vie de nos hôtes. 
C'était unique et nous en revenons fatigués mais grandis...

Une semaine de repos nous attend dans la capitale avant de mettre les voiles pour le Népal. 
La "re"découverte d'oreillers, de douches, d'électricité, de pizzas, d'eau qui coule au robinet, d'un miroir ou simplement d'intimité vont être de grands moments.
On est heureux de vous retrouver !!!!